dimanche, septembre 21, 2025

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Aamron entre art et activisme

(La Nouvelle République)- Le rappeur togolais Aamron (Tchala Essowè Narcisse) a été à nouveau interpellé le 19 septembre 2025 à son domicile de Lomé. Le juge l’a inculpé de « trouble aggravé à l’ordre public, appel au soulèvement populaire et incitation de l’armée à la révolte ». Immédiatement placé en garde à vue, Aamron a finalement été libéré vers 21h30 le jour même. Il est ressorti sous contrôle judiciaire.

La récente arrestation d’Aamron intervient dans un climat politique déjà électrique : elle est survenue quelques jours après celle de Marguerite Gnakadè, inculpée des mêmes chefs d’accusation. Les opposants dénoncent un « abus de pouvoir » visant à faire taire des voix dissidentes. D’autres encore crient à la criminalisation de l’expression artistique, mais il convient de faire une distinction entre expression artistique et action politique ou criminelle.

En droit togolais, la liberté d’expression est officiellement garantie. La Constitution du 6 mai 2024 affirme que « la libre communication des pensées est garantie par la loi ; chacun peut s’exprimer et diffuser librement son opinion par la parole, par l’écrit, par l’image et s’informer sans entraves ». De même, la loi sur le statut de l’artiste reconnaît « la liberté d’expression artistique et culturelle » aux créateurs togolais. Ces textes soulignent l’importance de la création artistique dans l’identité nationale togolaise. De plus, selon la loi culturelle togolaise, les artistes contribuent au « rayonnement de la nation » et au « développement culturel » du pays.

Cependant, l’exercice de cette liberté connaît des limites précises. Le code pénal togolais réprime les propos jugés dangereux pour la sécurité de l’État ou l’ordre public. Plusieurs articles sanctionnent l’incitation à la violence, l’atteinte à l’autorité ou la haine contre les institutions. Dans un communiqué datant de juin 2025, le gouvernement a rappelé que « la liberté d’expression, bien que garantie par la Constitution, ne saurait exonérer les citoyens du respect des lois en vigueur », en particulier celles relatives à la sécurité intérieure et à la presse. En clair, la critique politique – même virulente – reste protégée tant qu’elle ne trouble pas l’ordre public ni ne devient une infraction pénale prévue par la loi. Les chefs retenus contre Aamron (appel au soulèvement, incitation des militaires) s’inscrivent clairement dans le cadre de ces incriminations.

Le débat a dépassé le cadre de la satire po­li­ti­que pour tomber dans l’incitation réelle à la révolte, qui constitue un délit punissable par la loi.

Liberté d’expression ou alibi aux infractions ?

Le rappeur togolais Aamron, de son vrai nom Tchala Essowè Narcisse, a été arrêté tôt vendredi 19 septembre, puis libéré sous contrôle judiciaire. Il est notamment visé par plusieurs chefs d’accusation, notamment trouble aggravé à l’ordre public, appel au soulèvement populaire et incitation de l’armée à la révolte.

Si certains dénoncent une répression politique ou une tentative d’intimidation des artistes, il convient de rappeler que la liberté d’expression, bien que consacrée par la Constitution, s’exerce dans les limites prévues par la loi. L’affaire Aamron met ainsi en lumière la limite juridique de la liberté d’expression au Togo : la critique politique est permise, mais l’insulte publique et la diffamation envers les autorités constituent des infractions.

Dans ce contexte, il est essentiel de séparer les faits et les actes afin d’éviter tout amalgame. En ce sens, Il importe de ne pas tout mélanger : une œuvre artistique ou une opinion critique ne saurait être automatiquement confondue avec un délit. D’une part, l’artiste s’est exprimé au-delà de l’opinion critique. En réponse, les autorités ont réagi en faisant appliquer la rigueur de loi pénale. En d’autres termes, la libre expression ne peut servir de couvert à des actes illégaux : les droits fondamentaux comme la liberté d’expression ou de manifestation ne peuvent justifier des actes de subversion ou de vandalisme. Cette distinction est cruciale pour préserver la cohésion sociale : critiquer pacifiquement un gouvernement est un droit, mais appeler à la violence ou proférer des injures graves envers autrui relève de l’abus punissable. Le gouvernement togolais agit dans le cadre de la loi, ce qui confère une légitimité juridique à son action dans cette affaire. Le Togo se définit comme un État de droit où la loi joue le rôle d’arbitre : elle garantit l’existence des libertés, tout en fixant les limites, notamment lorsqu’elles deviennent des instruments de nuisance ou de trouble à l’ordre public.

Il faut souligner que la Constitution togolaise garantit certes la liberté d’expression, mais dans le respect des lois en vigueur. Cette position du gouvernement s’inscrit donc dans une logique de défense de l’état de droit : la loi garantit l’exercice des libertés fondamentales tout en en fixant les bornes pour prévenir les abus. Autrement dit, la loi est la condition même de la liberté, mais aussi sa limite lorsque celle-ci dégénère, ce qui en fait un instrument de garantie de la paix sociale. Dans le cas d’Aamron, faire respecter la loi pénale n’est pas seulement légal, c’est présenté par les autorités comme légitime et nécessaire pour préserver le respect mutuel et la stabilité sociale face à des dérives considérées comme dangereuses.

Éviter les amalgames est effectivement primordial : il ne s’agit ni de criminaliser l’expression artistique ou l’opposition en tant que telles, ni de tolérer que la liberté d’expression serve d’alibi à des infractions

Le défi reste de taille : garantir un espace d’expression libre pour les artistes et citoyens, tout en utilisant la loi de manière impartiale pour sanctionner les abus qui menacent la paix sociale.

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